24 octobre 2010

LA BELLE, LA BÊTE ET L'USUELLE




Aujourd'hui, les nouvelles, bonnes ou mauvaises, s'annoncent par texto....Tout a commencé par ce
laconique mais exhaustif message d' Arnaud Sajoux, pistard en Top Twin et rallyman sur Morini
Veloce sur mon Iphone « ça te dirait de venir te faire tordre pendant les reco de l'UR ? T'as le choix
des armes !!! » Rhaa...vous connaissez les motards, toujours à vouloir savoir qui a la plus grosse...et
je ne parle pas que de la cylindrée de leurs machines ! Revenu d'essai avec la Z1000 pour un autre
mag, je me suis dit que ça serait bien de rabattre le caquet de ce coquin, convaincu que la Kawa
n'allait faire qu'une bouchée de son roadster « spaghetti » Et comme il n'y a rien de plus joueur
qu'un rallyman, je me suis laissé tenter par inviter d'autres amis aussi bouillants que le sieur Arnaud
pour en découdre. J'ai nommé Cédric Parmentier et sa MV Agusta Brutale 1090R ainsi que Michel
Bonneau sur sa nouvelle arme une KTM Superduke.

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Suite au désistement d'Arnaud pour cause de chute et de casse à Lédenon (qui rigole au fond !!!),
hors de question de reporter et c'est avec une jolie Kawette blanche et orange accompagnée d'une
Honda CB1000R pour arbitrer le tout que je débarquais sur Montluçon pour faire connaissance avec
les routes de l'Utimate Rallye et les divers accompagnants. En effet, P'tit Lu s'est invité sur cet essai
et nous a amené son char d'assault japonais, une DN-01, avec lequel il entreprendra de se mesurer
aux top pilotes de la catégorie sur un terrain qualifié de « rallye le plus difficile d'Europe » (j'en
entends encore qui rigolent...). Je retrouverais également Thomas Devoti sur sa 690 SM et Renaud
Fanon sur une Duke R. Bref, que des énervés de la gachette...:D





Fort de son expérience et d'un sens de l'organisation hors du commun, Michel nous avait concocté
un emploi du temps digne des plus grands évènements de la planète moto. 15Mn pour rallier chaque
spéciale, 45mn de reco dans les dites spéciales et 15mn de photos pour finir...ouiiiiiiiiiii....Michel,
faut qu'on cause !!! eh eh, impossible à respecter d'autant que moins de 5mn et 2 feux rouges après
être parti, tout ce petit monde s'était déjà éclaté et nous nous retrouvâmes perdus Cédric, Corinne, la
photographe, et moi-même...ça commençait fort !

D'emblée, j'avais choisi la Kawa pour établir une référence. Je retrouvais la machine facile à manier
que j'avais essayée. Intuitive, coupleuse dans les bas régimes sans être extravagante, la Z est à
l'opposée de ce que sa ligne et son esthétique suggère. Elle se laisse manier du bout du guidon. Je
constate juste ses freins manquent un peu de mordant par rapport à mon précédent souvenir et que
je n'ai pas l'ABS. « Pô bien grave me dis-je !!! » Quel tord j'ai eu de penser ça si tôt...bref, Cédric
avait choisi sa monture habituelle et j'avais proposé à Corinne et rouler la Honda. Habituée aux
twins de petites cylindrées, il était intéressant de voir comment elle allait apprivoiser la CB 1000 R
réputée pour être une machine d'une facilité déconcertante. D'un gabarit plus généreux que sa SV,
(la Honda pas Corinne...ah la la !!!), il se laisse toutefois rapidement oublier au profit d'une
maniabilité intéressante. Facile de prise en main, il suffit de quelques virages pour se dire qu'on a
toujours connu cette machine. Le freinage assisté d'un ABS renforce la sensation de sécurité et le 4
cylindre délivre sa puissance docilement...peut-être un peu trop au goût de Corinne qui peine à
retrouver les sensations qu'elle connait au quotidien sur sa Suz.







Dans l'intervalle, nous avions enfin rejoint le groupe. Et c'est sous la forme d'un petit train tranquille
que nous rejoignons la première spéciale de la journée, le barrage de Prat. C'est en fait celle qui
cloturera le rallye juste avant la spéciale du circuit de karting. Comme baptême, je peux vous dire
que je n'ai été déçu...le temps pour P'tit Lu de nous dire que « la spéciale commence ici » et nos
rallymen se sentent pousser des ailes. Ni une ni deux, je me cale dans le cul de Michel pour
l'observer avant de lui faire les freins...j'ai fait du SBK moi Messieurs...faut pas venir me chatouiller
avec vos bolides d'à peine 100ch !!! Ah mais la route n'est pas fermée ??? Aaaaaahhh mais il y a des
gravillons ???? AAAAAAAAAAAAAHHHHHH mais euh ça glisse laaaa !!!!! En moins de 4
kilomètres, je perds l'avant une bonne dizaine de fois et l'arrière ne demande qu'à se faire la
malle...et devant, ? Ben en fait, ça n'a duré que 3 virages ! Impossible de les tenir...un grand truc de
malade ! En aveugle dans tous les virages, je suis à l'arrêt et la kawa me ménage pourtant. Elle
s'inscrit avec précision et n'est jamais vicieuse même si je sens que les éléments de suspension
commencent à pomper léger léger. Le moulin monte gentiment dans les tours mais c'est vers 7000
trs/mn qu'il s'exprime avec force...pile-poil quand je décide de passer la vitesse supérieure ! Autant
dire que je ne lui fais pas de mal à la titine. La boite se verrouille avec précision et c'est une aide
supplémentaire que de ne pas tomber sur de faux point mort. Cédric me suit sans grand souci
derriere. Il s'accroche le rascal ! Bon, en même temps, le niveau du garçon est bien supérieur à ce
que je peux faire mais sa MV dévoile la une nature qu'on ne soupçonnait qu'à peine. Je vous en
reparle à la fin de la journée..patience !







De retour, sur la petite place ou nous avions décidé de faire les statiques avant qu'un décérébré
mono-neuronal décide de faire un cube avec les machines, je me dis que la journée va être longue,
que le rallye, c'est pas un truc de tapette, que j'ai bien fait de ne pas trop parler autour de moi de cet
essai car j'allais me prendre une pilule grave...
La séance photo terminée, nous pouvons admirer les allers et venues de Michel et Renaud. Ça peut
faire sourire mais voir un twin 990 à peine rattraper un mono de 690cc, ça fait tout drôle ! La SD
(Superduke, vous suivez au fond oui....) est imperturbable et son pilote ne la ménage guère. La
garde au sol de la machine semble insondable, du moins sur route ouverte et Michel n'amuse pas le
terrain. Et ça n'est que le début !!!





Du grand art, j'en bave sous mon Shark :p Et que dire quand Cédric prends le relais et nous gratifie
d'arriver en glisse avec la Brutale. Pas très efficace mais ultra spectaculaire ! Surtout quand
l'exercice consiste à rentrer sur un pont d'une largeur d'à peine 2m...Boooooon , j'vais prendre une
petite boite de Pal moi....
Tout le monde a terminé ses petites affaires et nous nous dirigeons dès à présent vers la Spéciale du
Gué de Sellat. Toujours tranquille mais à bon rythme, les 7 machines commencent à enrouler un peu
plus vite. Les cales-pieds de la DN frottent bon train, ah le cadre aussi ! P'tit Lu, toujours au top de
l'équipement, normal vous me direz, roule avec un gilet Air-bag par dessus une combi cuir. On n'est
jamais trop prudent, surtout avec une vache de 260kg pour 62 percherons ;) humour...:D
Michel ouvre à nouveau la route et je me persuade de le suivre pour apprendre. Déjà il reste dans
ma ligne de mire, c'est déjà mieux ! Sans le savoir, nous faisons la spéciale. Gauche aveugle, droite
serré qui s'ouvre, des arbres qui déterminent un point de corde aléatoire, le bitume à l'apparence
gravillonneuse mais au grip excellent, le rallyman doit gérer toutes ses infos et analyser en temps
réel ce qu'il peut faire ou ne pas faire, à quels endroits il va pouvoir prendre appui et trouver de
l'adhérence, bref gérer et attaquer en permanence ! Sacré école ! Et le choix des machines
conditionne aussi ces résultats. Un roadster ou un Supermot sont les armes idéales sur ces routes
défoncées. Et pourtant, un certain Denis gagne avec une hypersportive, comme quoi...Dans tous les
cas, la polyvalence et la facilité d'utilisation du châssis autant que celle du moteur conditionne les
résultats. Et je me dis que cette Kawa manque un chouia de rigueur pour être l'arme que je pensais
être. En effet, alors que le rythme de la montée se fait plus élevé, il faut se montrer de plus en plus
virile et autoritaire pour que la Z tienne la distance. En appui sur les repose-pieds, la machine
« danse » de l'arrière et demande de la poigne. Rien de gênant mais on atteint les limites des
suspensions réglées « origine » ! Devant, la SD confirme cette incroyable stabilité. Aux freins
(surpuissants et Michel roule avec les éléments d'origine, MC, étriers et plaquettes) comme à l'accel,
la machine du Normand ne bronche pas. Impressionnant !!!



C'est sur cette note que je décide d'entamer les photos d'action avec les 4 machines. Corinne est
calée, le virage choisi suffisamment rapide pour juger des machines et permettre de « poser le
genoux », les pilotes chauds bouillant et c'est parti ! Le métier commence à rentrer et la confiance
aussi...Un peu trop d'ailleurs...On use les sliders, les machines pompent allègrement, les sorties se
font sur la roue arrière et au ras des murets....Michel me fait signe de rentrer avec la kawa car je
commence à couper les traj', ce qui est ultra dangereux sur la route ! Sans visibilité aucune, je
prends les intérieurs sur les virages à gauche et me laisse déporter en sortie de virage à droite.
Obéissant comme un écolier, je m'exécute sauf qu'en rentrant à 10 km/h sur le parking plein de
gravillons, je bloque l'avant de la Z (eh oui pas d'ABS, vous vous souvenez ;) !!!) et me répands
comme une merde sur 2m. Sauf qu'en relevant la machine, je vois une mare se répandre à mes
pieds. Le carter droit laisse apparaître un trou d'une pièce de 2€. Sans compter la tête de fourche
rappée, le guidon tordu ayant enfoncé le réservoir, le carénage droit avec le clignotant intégré
défoncé, la platine de repose-pied cassée nette et le pot droit bien marqué....bref, essai terminé pour
la nippone qui prends cher pour une chute qui peut arriver à n'importe qui...j'ai regretté l'ABS. Si
une option se montre désormais indispensable, c'est bien celle-ci ! Correctement maitrisée, elle
permettra aux benêts dans mon genre d'éviter de croiser les skis .





Ni une ni deux, je monte sur la CB 1000 R. Autant ne pas se laisser abattre par les commentaires
désobligeants de mes petits camarades ! Pas de surprises au niveau de la prise en main, la Honda
démontre toute sa polyvalence tout autant que ses limites. Les suspensions, réglées bien trop
souples pour ce type de revêtement, mettent à mal l'équilibre naturel de la machine tout comme la
monte pneumatique. Les BT-15 subissent la chaleur et n'apprécie pas le traitement. De petites
vibrations sur l'angle vous font comprendre qu'ils n'assureront pas le grip si vous décidez de passer
plus fort. Le potentiel de cette machine est incroyable mais il va demander une grosse préparation
pour pouvoir mettre du gros gaz au même titre que ses congénères. Pour autant, le moteur est bien
celui qui fera la quasi-unanimité. Souple et puissant, disponible partout, il assure son rôle de 2500 à
9000 trs/mn. Et que dire du frein qui s'avère un des plus dosable du lot, avec l'ABS en prime !





Sous une chaleur qui commence à faire ressembler Corinne à une écrevisse, nous décidons de nous
séparer pour s'occuper d'aller chercher le camion pour rapatrier la kawa et rdv est pris sur l'avantdernière
spéciale de la journée, celle de Chambonchard qui aux dires de Michel et de Cédric est un
véritable circuit. Enfin un terrain de jeu qui devrait me correspondre...heureusement car Michel ne
se prive pas pour en rajouter sur mon compte...il est largement temps que je lui montre de quoi je
suis capable au kiné !
Un aller et retour derrière la DN-01 de P'tit Lu et un Mc Do plus tard, nous retrouvons sur
Chambonchard. Autant vous le dire tout de suite, j'ai eu la sensation de me retrouver dans les 17 de
la Vallée de Chevreuse...Difficile de savoir qui « reconnait » de qui vient se balader ! C'est ça le
rallye ! Une grande diversité de pilotes au guidon de machines tout aussi disparates et tout le monde
se partage la route tout en faisant gaffe aux camping-car et aux autochtones. Il faut parfois jongler
entre les voitures et les motards au niveau inégal et redoubler de prudence.
Sur cette spéciale, effectivement, le bitume ressemble à celui d'un circuit. 2 à 3 allers-retours
suffisent à mémoriser la spéciale et les entrées en courbe se font plus rapides et plus incisives. Je
commence avec la CB 1000 qui confirme mes sensations ressenties quelques heures plus tot. La
belle Honda, superbe dans sa version Xtreme avec ses éléments carbone et sa déco rouge soulignant
ces carters, est à la peine et c'est pourquoi je décide rapidement de passer sur la MV.





De mémoire, la Brutale 910 que j'avais roulée était un bout de bois avec une injection récalcitrante
due à un très mauvais bridage. Autant vous dire que je n'étais pas pressé de poser mes fesses sur
cette 1090R...et pourtant, Cédric ne cessait de me vanter toutes ses qualités. Je restais encore plus
scotché quand j'appris que ce dernier avait fait 4ème scratch au Moto-Tour 09 avec une moto stock
de chez stock. Aucune préparation de suspensions sur sa machine, ce qui, vu son résultat, démontre
le potentiel de la belle italienne. Une fois en selle, il suffit d'un virage pour se rendre compte de
l'incroyable efficacité de l'ensemble. Whaou !!! Précise, vive, rapide, coupleuse, rageuse, la MV
recueille tous les suffrages. Les mouvements entre l'avant et l'arrière sont maitrisés et le feeling
global est incroyable. Le 4 cylindres dévoile une disponibilité dans les bas régime qu'on ne
soupçonnait pas. Tout ce qu'il faut à une meule de rallye ! Et ce son....pôpôpô...une Ferrari ne ferait
pas mieux. L'équipement de freinage est confié à Brembo et encore une fois, pas d'erreur ! En plus
d'être beau, c'est de loin l'ensemble offrant le meilleur feeling des 4 machines présentes. Michel
ouvre à nouveau la voie et cette fois, il lui faut passer en mode « spéciale» pour rester devant. Non
pas que je sois devenu subitement bon mais l'italienne me donne toutes les armes pour les suivre,
Cédric et lui ! Et c'est sur ce rythme que nous rejoignons la dernière spéciale de la journée, celle de
Boron ! Un truc de malade que cette spéciale: 8,5km de routes étroites alternant « ciment
bitumeux » et gravillons en leurs centres avec en prime une jolie bosse incite à sauter... mais
derrière ça tourne à gauche ...Il sera plus prudent de rendre la main que de terminer dans le jardin
d'en face ! Sauf qu'avec la bande de cintrés que nous sommes, on ne s'est pas privé pour passer de
plus en plus vite quitte à vraiment décoller les roues...Trop trop bon !!!Et que dire de la
montée...enfin, je prends mon pied ! La belle de Varese virevolte dans les virages et se joue de mon
inexpérience. Cédric doit se sortir les tripes avec la Honda, façon de parler, pour rester au contact de
Michel et de sa SD. Ce dernier a beau augmenté le rythme à chaque passage, les écarts se resserrent.
On roule de plus en plus vite et la confiance impose de la retenue. Je me ferais d'ailleurs ma plus
grosse chaleur dans cette spéciale. Une prise de freins trop brutale pour tourner dans un droite en
descente, la roue arrière qui décolle et joue les filles de l'air, une mauvaise coordination
cerveau/poignée de ma pomme qui décide de ré-accélérer et j'ai eu le palpitant qui a failli sortir de
ma poitrine pendant au moins une bonne vingtaine de minutes.






Après la séance délire ou Cédric et Michel nous gratifieront de passages aussi beaux
qu'impressionnants, je peux vous dire que le rallye, c'est un truc d'hommes ! Les 2 oiseaux m'ont
suffisamment chauffés pour que j'en fasse au moins dans l'année. Si j'avais une moto à prendre,
laquelle choisirais-je ? Au sein de ce comparo, j'hésite entre la Katoche et la MV Agusta.
L'Europe , aujourd'hui, prends le pas sur les productions japonaises à tous les échelons que ce soit
en terme de comportement que de finition. Il n'y a que sur le plan des tarifs que ces dernières soient
encore compétitives et, bien sur, c'est un argument non-négligeable compte tenu des conjonctures
actuelles. Néanmoins, pour qui veut rouler différent et efficace, mieux vaut regarder du coté de
l'Italie et de l'Autriche. La MV étant hors de prix pour mes bourses, M'sieur KTM, vous n'auriez pas
une SMR pour Septembre et le rallye des Volcans ;) ?









photos : Corinne Montculier
http://www.titeroute.org

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